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En 1989, lorsque la Pologne a recouvré son indépendance, sa souveraineté, et est devenue un pays démocratique, certains liens ont été établis entre la SHLP et les autorités polonaises, conduisant à une aide du ministère polonais de la Culture, aide financière modeste mais très significative en tant que coopération intellectuelle.
Il y a eu aussi, durant la deuxième moitié des années 1990, une aide d'une institution polonaise semi privée, la Fondation pour la Science Polonaise (FNP), qui a alloué environ 80.000 euros à la modernisation d'un magasin où on a installé le contrôle de la température et de l'humidité (climatisation) ainsi que des rayonnages mobiles.
Ceci nous a permis d'y installer dans de bonnes conditions l'essentiel de nos archives précieuses. Nous tenons à remercier ici la FNP, en la personne de son président, le professeur Maciej Grabski, et de son vice-président, le professeur Marian Grynberg, pour cette aide très précieuse.
L'APSL de Cracovie, réactivée par quelques membres d’avant 1951 qui vivaient encore, a retrouvé certains de ses biens en Pologne, et a exprimé le désir de reprendre la propriété et une certaine responsabilité de la BPP. Toutefois à l’époque la SHLP, après une première période de discussions, a rompu les contacts avec l'APSL, et ce jusqu’en 1999, date de l’élection du nouveau Conseil d’administration de la SHLP.
Entre 1989 et 1999, on peut considérer que la BPP était dans une période de transition; ses directeurs étaient l’ambassadeur André Krzeczunowicz, de 1989 à 1992, et Leszek Talko, de 1992 à 1999.
En 1999, le nouveau Conseil, présidé jusqu’à son décès en juillet 2003 par le regretté Leszek Talko, a fait deux constats :
1) très mauvais état du bâtiment (un plafond effondré, très fortes déformations de nombreuses poutres), bâtiment par ailleurs non conforme aux normes de sécurité exigées pour recevoir le public. Les collections étaient stockées dans de très mauvaises conditions (salles surchargées aux étages et extrêmement humides en sous-sol) ; de sorte qu'une dizaine de milliers de livres avaient été totalement abîmés. Par ailleurs, de très nombreux manuscrits, livres anciens, imprimés, gravures et dessins ont été contaminés par des champignons. Tout cela nécessitait donc une action majeure et rapide.
2) Les principaux mécènes contactés pour la rénovation, reconstruction et modernisation de la BPP avaient exprimé très clairement le souhait qu’avant d’investir des sommes très importantes dans le bâtiment, le problème de propriété de celui-ci soit résolu et qu’on cesse de rester dans le cadre d’un propriétaire inconnu et d’un administrateur judiciaire. Une analyse juridique montrait que la SHLP n’avait pas beaucoup de chances de récupérer le titre de propriété de la BPP (de son bâtiment et des collections amassées jusqu’en 1946). Par contre, l’APSL reconstituée à Cracovie avait beaucoup plus de chances dans ce domaine, car sa reconstitution par des membres encore vivants de l'ancienne Académie représentait un fait nouveau par rapport à ce qui avait été constaté en 1959 par la Cour d’appel. Rappelons que le jugement de la Cour d’appel de 1959 n’ayant pas fait l’objet de pourvoi en cassation, était définitif.
Ces deux constatations ont amené le Conseil de la SHLP à reprendre les discussions avec l’APSL de Cracovie, pour aboutir à un accord permettant de trouver une solution au problème de la propriété de la BPP. Un accord fut trouvé entre la SHLP et l’APSL conduisant à créer une nouvelle association dénommée Association de la Bibliothèque Polonaise de Paris (ABPP), à laquelle tous les droits de propriété qui auraient pu être obtenus par l’APSL et la SHLP tant sur le bâtiment que sur les collections qu’il contient, seraient cédés. Ceci garantit une unité de propriétaire pour l’ensemble des collections et du bâtiment.
En même temps, cet accord prévoit que toutes les collections resteraient dans le bâtiment au 6 quai d’Orléans, et que les deux protagonistes : l’APSL et la SHLP feraient leur possible, pour trouver des subventions nécessaires à un fonctionnement dynamique de la BPP. En effet, comme on l’a vu plus haut, la SHLP ne possède pas de fonds propres ni de revenus fixes (cotisations) suffisants pour assurer le fonctionnement de la BPP.
De son côté, l’APSL ne possède pas non plus de biens permettant d’assurer une contribution financière substantielle pour ce fonctionnement. Cet accord prévoit aussi que la nouvelle association dans laquelle les deux parties fondatrices, la SHLP et l’APSL, auraient la même influence, donneraient la bibliothèque en location, pour un euro symbolique, à la SHLP, et cela au moins jusqu’en 2030, la SHLP restant donc le gestionnaire pendant de longues années, et pouvant compter sur l’aide efficace de l’ APSL.
L’accord qui assure au mieux l’avenir de la BPP, et qui paraît tout à fait intéressant pour la SHLP, a aussi satisfait la demande des deux principaux mécènes qui ont assuré le financement des travaux à plus de 80%. Il été signé entre les deux entités, et après la procédure d’arbitrage et l’exequatur accordé par la justice française à cet arbitrage, on se dirige vers la dévolution de la BPP à l’association nouvellement constituée, l’ABPP. Pour être complet, il faut mentionner qu’un groupe minoritaire de membres de la SHLP a intenté des actions en justice pour s’opposer à cet accord. Ces actions sont encore en cours. Il est toutefois peu probable que l’accord soit remis en question, parce que même si la justice française, pour des raisons variées, décide de convoquer de nouvelles assemblées générales de la SHLP, il ne paraît pas vraisemblable que la très importante majorité des membres qui soutient la décision unanime du Conseil de la SHLP change massivement d’avis (au dernier vote, plus de 80% ont voté pour soutenir le conseil). |
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