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 Quel avenir pour la BPP ?
 
Il paraît utile, pour réfléchir à l’avenir, de regarder tout d’abord l’histoire. On constate que, dans le fonctionnement de la BPP, il y eut deux périodes distinctes: l’une pendant laquelle la Pologne n’est pas libre (1838-1918 et 1946-1989), l'autre quand la Pologne redevient libre, entre 1918 et 1939.

Du temps où la Pologne n’est pas libre, le fonctionnement de la BPP se caractérise premièrement, par des objectifs clairs et évidents--organisation d’un centre de culture et de discussions politiques non entravées quand cela n’est pas possible en Pologne--et deuxièmement, par des difficultés financières non négligeables, car les efforts des donateurs particuliers, des subsides obtenus des fondations, ne suffisent pas et ne sont pas assez permanents pour permettre un fonctionnement serein et dynamique de la BPP. De 1926 à 1939, le rôle de la BPP est différent car on lui assigne celui d’institut culturel en France, en se concentrant sur tout ce qui concerne la culture polonaise, et en renvoyant d’ailleurs en Pologne une partie des collections qui ne concernent pas directement la culture polonaise.

Cette période se caractérise aussi par une plus grande aisance matérielle, grâce au financement par le gouvernement polonais, permettant d’une part la rénovation et la modernisation du bâtiment, du moins partielles dans les années 1926-1929, et d'autre part le lancement d’un prestigieux centre d’études en 1937. En s’inspirant du passé, on pouvait envisager la solution qui existait entre les deux guerres, où l’essentiel du budget de fonctionnement de la BPP était couvert par le gouvernement polonais, qui donc de fait pouvait exercer la direction.

Le Conseil de la SHLP élu en 1999 a préféré s’orienter vers une autre solution : le maintien de la BPP comme institution privée, en comptant toutefois sur un appui fort, mais non majoritaire, du gouvernement polonais, et éventuellement sur celui des autorités françaises.
Nous pensons, comme cela a été indiqué dans mon rapport à l’assemblée générale de la SHLP de juin 2000 que c’est la solution la plus dynamique, la plus riche, permettant d’avoir un centre indépendant de toute autorité politique, même s’il est appuyé par des gouvernements. C’est une solution qui présente de nombreux avantages dans le domaine de la continuité des études, de la liberté de penser, de la diversité d’approche intellectuelle. Elle tient également compte de la spécificité de la BPP et de la SHLP, de même d’ailleurs que de la nouvelle société, l’ABPP, créée par l’accord avec l’APSL.

En effet, il s’agit d’institutions franco-polonaises (la SHLP et l’ABPP sont de droit français) auxquelles des Polonais, mais aussi de nombreux Français d’origine polonaise ou non, ont  apporté leur contribution dans le passé, et l’apportent encore aujourd’hui.
Ce sont des institutions qui s’inscrivent dans l’histoire et la culture polonaise mais sont aussi des symboles d’amitié franco-polonaise et d’hospitalité française vis-à-vis des Polonais libres.

En même temps, grâce à l’accord avec l’APSL, nous pensons avoir des bases solides financières pour un fonctionnement dynamique de la BPP, notamment par des subventions que l’APSL va obtenir au bénéfice de la BPP. Notons qu’une somme importante a été inscrite au budget polonais pour 2004 au bénéfice de l’action de l’APSL en faveur de l’ABPP.  Cette subvention, complétée par les subventions que la SHLP obtient de sources privées et qu’elle espère aussi obtenir des autorités françaises, devrait rendre la situation de la BPP stable et assez confortable sur le plan matériel. L’expérience que nous avons eue avec le financement des travaux récents nous permet d’être assez optimistes en ce qui concerne cette question essentielle du financement.

Ajoutons que la BPP devrait aussi pouvoir compter sur une coopération et une aide efficaces de tout le potentiel intellectuel des universités, bibliothèques et musées polonais.
Actuellement l’APSL a déjà mis à la disposition du directeur de la BPP une équipe de 5 spécialistes de haut niveau (dont un professeur d’université) qui sont détachés à Paris pour une longue période et qui nous aident à réaménager nos collections dans les locaux rénovés.

En ce qui concerne les conditions matérielles, le bâtiment de la BPP, ancien et prestigieux, situé en plein cœur de Paris, et actuellement entièrement rénové et modernisé, permet d’envisager de multiples activités, en plus des activités traditionnelles, la conservation de nos collections et de leur mise à disposition du public (salle de lecture, musées).
Sans donner ici des détails de ce qui sera décidé, mentionnons quelques pistes possibles.

Tout d’abord la salle de réunion et de concert, actuellement isolée du bruit, avec des fenêtres isophoniques, dont l’air est climatisé et renouvelé à vive allure (2400 m3/h) permettra de développer dans de bien meilleures conditions l’activité musicale traditionnelle de la SHLP, et aussi d’organiser réunions et séminaires. De grands espaces dans les étages, dégagés du stockage des livres par l’utilisation des rayonnages mobiles, permettent d’envisager l’activité de muséologie de façon plus ambitieuse--un musée Mickiewicz agrandi et renouvelé, tout en gardant les salons Chopin et le musée Biegas. De plus, deux salles nouvelles pourront être utilisées pour des expositions temporaires. Par ailleurs, trois grandes salles de travail permettront d’accueillir chacune six à huit personnes et donc de recevoir, en plus des employés de la BPP, des chercheurs intéressés par nos collections.

On peut donc envisager une activité scientifique importante (colloques, séminaires, chercheurs travaillant à la BPP etc ). Dans cette perspective, nous sommes en train de mettre en place une commission scientifique de la BPP qui devra orienter et guider cette activité.

Nous sommes heureux de pouvoir annoncer que deux personnalités scientifiques éminentes, Mme le prof. Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie Française, et M. le prof. Bronislaw Geremek, ancien ministre des Affaires étrangères du gouvernement du premier ministre polonais, Jerzy Buzek, ont accepté de coprésider cette nouvelle commission.

Comme nous le voyons, l'accord entre la SHLP et l’APSL ou peut-être, devrais-je dire, l'union entre deux associations visant à accomplir un objectif commun, ainsi que les travaux qui ont été réalisés, grâce à de nombreux mécènes et sponsors, permettent d’envisager avec optimisme l’avenir de la BPP, institution dédiée à la culture et l’histoire de la Pologne mais aussi à l’amitié entre la France et la Pologne.


 
 
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